Shiosuy s'était retiré du monastère pour trouver la paix dans la méditation. Les autres moines l'empêchait de se concentrer. Il s'agenouilla sous un saule, au bord de la rivière. Mais bientôt les « flic-floc » des poissons gobant les mouches à la surface de l'eau le troublèrent. Il se concentra de nouveau, en tentant de puiser en son fort intérieur la tranquillité qui sied à la méditation. Mais il n'y parvint pas, car les oiseaux s'étaient mis à chanter dans le saule. Furieux, Shiosuy se leva et pêcha tous les poissons, puis chassa tous les oiseaux avant de les dévorer. Mal lui en prit, car une indigestion l'empêcha de méditer pendant les trois jours qui suivirent son festin. Avez-vous déjà songé que vos colères ne sont presque jamais provoquées par les objets ou les personnes qui vous entourent, mais qu'elles ont leur épicentre dans votre esprit ? Fuir ou épancher votre fureur sur un objet ou sur autrui ne vous servira à rien : le trouble est dans votre esprit et le calme aussi. « Si tu dois vivre parmi le tumulte, ne lui livre jamais ton corps. Garde ton âme calme et retirée. C'est un sanctuaire où tu trouveras, quand tu le voudras le bonheur. » Alexandra David-Neel