Les enfants dans le système scolaire ne sont pas bien préparés pour le monde de demain.
Comme toute personne qui est passée par un monde des affaires puis par un monde gouvernemental pour arriver au monde connecté toujours en évolution, je sais comment le monde d’hier devient rapidement illusoire. J’ai été formé dans l’industrie journalistique, où nous pensions tous que nous serions éternellement à la page, et dont je crois maintenant qu’elle suivra la même voie que les chevaux et les carrioles.
Malheureusement, j’ai été éduqué dans un système scolaire qui croyait que le monde dans lequel il existait resterait globalement le même, avec des changements mineurs niveau mode. Nous étions formés à un ensemble de compétences qui était basé sur les emplois qui avaient le plus la cote dans les années 80, pas sur ce qui pourrait arriver dans les années 2000.
Et cela avait du sens quelque part, étant donné que personne ne pouvait réellement savoir ce que serait la vie dans 20 ans. Imaginez les années 80, quand les ordinateurs étaient encore très jeunes, quand les fax étaient la technologie de pointe, quand internet comme nous le connaissons n’était qu’un rêve d’écrivains de science-fiction comme William Gibson.
Nous n’avions aucune idée de ce que le monde avait en magasin pour nous.
Et voilà le truc : nous n’en avons toujours aucune idée. À aucun moment. Nous n’avons jamais été bons pour prédire notre avenir, et donc élever et éduquer nos enfants comme si nous avions la moindre idée de ce que le futur réservera n’est pas la notion la plus intelligente.
Comment alors préparer nos enfants pour un monde qui est aussi imprévisible, inconnu ? En leur apprenant à s’adapter, à gérer le changement, à être préparé pour n’importe quoi en ne les préparant pas à quelque chose en particulier.
Cela nécessite une approche totalement différente pour élever et éduquer des enfants. Cela demande de laisser nos vieilles idées à la porte, et de tout réinventer.
Ma magnifique femme Eva (oui, je suis un homme très chanceux) et moi faisons partie de ceux qui le font déjà. Nous faisons l’éducation de nos enfants à domicile – ou plus précisément, nous les déséduquons. Nous leur apprenons à apprendre par eux-mêmes, sans que nous soyons là à leur servir les connaissances et à les tester sur ces connaissances.
Bien sûr c’est une vaste frontière, et la plupart d’entre nous qui expérimentons la déscolarisation admettrons que nous n’avons pas toutes les réponses, qu’il n’y a pas de « meilleure méthode ». Mais nous savons aussi que nous apprenons en même temps que nos enfants, et que ne pas savoir peut être une bonne chose – une opportunité de découvrir, sans se fier à des méthodes préétablies qui pourraient ne pas être optimales.
Je ne vais pas trop aborder les méthodes ici, car je les trouve moins importantes que les idées. Une fois que vous avez des idées intéressantes à tester, vous pouvez découvrir une quantité illimitée de méthodes, et donc mes méthodes définies seraient trop restrictives.
À la place, regardons un ensemble de compétences essentielles que je pense que les enfants devraient apprendre, qui les prépareraient au mieux pour tout type de monde dans le futur. Je base cela sur ce que j’ai appris dans trois branches différentes, en particulier le monde de l’entrepreneuriat en ligne, de la publication en ligne, de la vie en ligne… et plus important encore, ce que j’ai appris concernant l’apprentissage et le travail et la vie dans un monde qui ne cessera jamais de changer.
1. Poser des questions. Ce que je veux le plus pour nos enfants, en tant qu’apprentis, est d’être capables d’apprendre par eux-mêmes. Pour pouvoir apprendre n’importe quoi seul. Parce que s’ils le peuvent, alors nous n’avons pas besoin de tout leur apprendre – quoi qu’ils aient besoin d’apprendre à l’avenir, ils peuvent le faire seul. La première étape dans l’apprentissage du fait de s’enseigner n’importe quoi est d’apprendre à poser des questions. Heureusement, les enfants font cela naturellement – notre espoir est simplement d’encourager ça. Un super moyen d’y arriver est de donner l’exemple. Quand vous et votre enfant rencontrez quelque chose de nouveau, posez des questions, et explorez les réponses possibles avec votre enfant. Quand il pose des questions, récompensez l’enfant au lieu de le punir (vous seriez surpris du nombre d’adultes qui découragent le questionnement).
2. Résoudre les problèmes. Si un enfant peut résoudre des problèmes, il peut faire n’importe quel travail. Un nouveau travail peut être intimidant pour chacun d’entre nous, mais en réalité ce n’est qu’un autre problème à résoudre. Une nouvelle compétence, un nouvel environnement, un nouveau besoin… ce sont simplement des problèmes à résoudre. Enseignez à votre enfant à résoudre des problèmes en lui montrant comme exemple une méthode de résolution de problèmes simples, puis en lui permettant d’en faire des très faciles par eux-mêmes. Ne résolvez pas immédiatement tous les problèmes de votre enfant ; laissez-le tripatouiller un peu et essayer différentes solutions possibles, et récompensez-le de tels efforts. Finalement, votre enfant développera sa confiance dans ses capacités à résoudre des problèmes, et alors il n’y a rien qu’il ne pourra faire.
3. S’attaquer à des projets. En tant qu’auto entrepreneur en ligne, je sais que mon travail est une suite de projets, parfois liés, parfois petits et parfois grands (qui sont en fait un groupe de projets plus petits). Je sais aussi qu’il n’y a pas un projet auquel je ne peux pas m’attaquer, parce que j’en ai déjà tellement fait. Cet article est un projet. Écrire un livre est un projet. Vendre le livre est un autre projet. Travaillez sur des projets avec votre enfant, faites-lui voir comment il y est arrivé avec vous, puis faites-lui en faire encore et encore par lui-même. Au fur et à mesure qu’il prend confiance, laissez-le s’attaquer à plus de projets seul. Bientôt, son apprentissage sera une suite de projets qui le passionnent.
4. Trouver sa passion. Ce qui me fait avancer n’est pas les objectifs, pas la discipline, pas la motivation extérieure ou la récompense… c’est la passion. Quand je suis si excité que je ne peux pas m’arrêter de penser à quelque chose, je vais inévitablement m’y plonger totalement, et la plupart du temps je vais terminer le projet et adorer le faire. Aidez votre enfant à trouver les choses qui le passionnent ; il est question d’essayer tout un tas de choses, de trouver celles qui lui plaisent le plus, de l’aider à vraiment aimer cela. Ne découragez aucun intérêt, encouragez-le. Ne lui en retirez pas tout le plaisir non plus, rendez cela gratifiant.
5. Indépendance. On devrait apprendre aux enfants à se débrouiller de plus en plus par eux-mêmes. Un petit peu à chaque fois, bien sûr. Encouragez-les lentement à faire les choses par eux-mêmes. Apprenez-leur comment faire, servez de modèle, aidez-les à le faire, aidez-les moins, puis laissez-les faire leurs propres erreurs. Donnez-leur de la confiance en eux en les laissant obtenir quelques succès, et laissez-les résoudre les échecs. Une fois qu’ils apprennent à être indépendants, ils apprennent qu’ils n’ont pas besoin d’un professeur, d’un parent, ou d’un patron pour leur dire quoi faire. Ils peuvent se débrouiller seuls, être libres, et trouver seul la direction dont ils ont besoin.
6. Être heureux par eux-mêmes. Trop de parents parmi nous couvons nos enfants, les gardons en laisse, faisons qu’ils comptent sur notre présence pour être heureux. Quand l’enfant grandit, il ne sait pas comment être heureux. Il doit immédiatement s’attacher à une petite amie ou à des amis. S’ils échouent à cela, ils trouvent le bonheur dans d’autres choses extérieures – le shopping, la nourriture, les jeux vidéo, internet. Mais si un enfant apprend dès son plus jeune âge qu’il peut être heureux par lui-même, jouer, lire et imaginer, il aura une des compétences les plus importantes. Permettez à vos enfants d’être seul dès leur jeune âge. Donnez-leur de l’intimité, ayez des moments (comme le soir) où les parents et les enfants passent du temps seul.
7. Compassion. Une des compétences les plus importantes qui soient. Nous en avons besoin pour bien travailler avec les autres, pour nous occuper des autres, pour être heureux en rendant les autres heureux. Développer la compassion est la clé. Ayez de la compassion pour votre enfant à tout moment, et pour les autres. Montrez leur l’empathie en leur demandant comment ils pensent que les autres se sentent, et en disant à votre tour comment vous pensez que les autres pourraient se sentir. Montrez à la moindre occasion comment alléger les souffrances des autres quand vous le pouvez, comment rendre les autres plus heureux avec un peu de gentillesse, comment cela peut vous rendre plus heureux en retour.
8. Tolérance. Trop souvent nous grandissons dans une zone isolée, où les gens se ressemblent globalement (du moins en apparence), et quand nous entrons en contact avec des gens qui sont différents, cela peut être inconfortable, choquant, cela peut faire peur. Exposez vos enfants à des gens de toutes sortes, de différentes races, différentes sexualités, différentes conditions mentales. Montrez-leur que non seulement ce n’est pas grave d’être différent, mais que les différentes devraient être célébrées, et que la variété est ce qui rend la vie si belle.
9. Gérer le changement. Je crois que cela sera une des compétences les plus importantes quand nos enfants grandiront, car le monde est en constante évolution, et être capable d’accepter ce changement, de gérer ce changement, et de voguer sur le flux du changement, sera un avantage indéniable. C’est une compétence que j’apprends encore personnellement, mais je trouve que cela m’aide considérablement, en particulier par rapport à ceux qui résistent et ont peur du changement, qui fixent des objectifs et des plans et essayent de s’y tenir de façon rigide pendant que je m’adapte à un paysage changeant. La rigidité est moins utile dans un environnement changeant que la flexibilité, la fluidité, le flux. Là encore, montrer cette compétence à votre enfant à chaque opportunité est important, et leur montrer que les changements ne posent pas de problèmes, que vous pouvez vous adapter, que vous pouvez découvrir de nouvelles opportunités qui n’étaient pas là avant, devrait être une priorité. La vie est une aventure, et les choses se passeront mal, se dérouleront différemment de ce à quoi vous vous attendiez, et brisera tous les projets que vous avez – et cela fait partie de l’intérêt de tout ça.
Nous ne pouvons pas donner à notre enfant un ensemble de données à apprendre, le préparer à une carrière en particulier, quand nous ne savons pas quel sera le futur. Mais nous pouvons les préparer à s’adapter à tout, à tout apprendre, à tout résoudre, et dans 20 ans environ, à nous en remercier.
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